* Les conditions de départ de l'ex-PDG contestées
* La rémunération du PDG elle aussi critiquée
* Le HCGE demande des explications à Carrefour
(Actualisé avec le Haut Comité de gouvernement d'entreprise,
rpt avec cours de Bourse)
par Pascale Denis
PARIS, 15 juin (Reuters) - Les conditions de départ de
Georges Plassat, ancien dirigeant de Carrefour CARR.PA , et le
niveau de rémunération de son successeur Alexandre Bompard ont
dominé les débats vendredi au cours d'une assemblée générale
houleuse.
A l'issue d'une réunion émaillée de huées et de sifflets de
membres de la CFDT, mais aussi de protestations d'actionnaires
hostiles aux sommes allouées aux dirigeants face aux
contre-performances du distributeur, les résolutions concernant
les rémunérations ont été votées avec un faible score.
Le Haut Comité de gouvernement d’entreprise (HCGE), qui
veille à l’application du code Afep-Medef, a quant à lui fait
savoir que "les modalités de détermination de la rémunération
des dirigeants du groupe et notamment les indemnités de départ
de son ancien PDG constituent des déviations sérieuses par
rapport aux recommandations du code Afep-Medef".
Le président du HCGE a écrit au PDG de Carrefour pour
l’interroger sur les modalités de la détermination de ces
rémunérations et a demandé au groupe de "répondre à ces
interrogations dans les plus brefs délais", a indiqué le HCGE
dans un communiqué.
L'ancien PDG de Carrefour, qui a quitté le groupe en juillet
2017 à l'âge de 68 ans et a fait valoir ses droits à la
retraite, a bénéficié d'une indemnité de non-concurrence d'un
montant brut de 3,98 millions d'euros contestée par certains
investisseurs.
"La concomitance de l'attribution d'une indemnité de
non-concurrence et du départ à la retraite de Georges Plassat
pose question", estime la société de gestion Phitrust qui juge
que cette indemnité est en opposition avec le code Afep-Medef.
Le cabinet de conseil aux investisseurs Proxinvest avait lui
aussi recommandé de voter contre la rémunération de Georges
Plassat, pour les mêmes raisons, estimant que "ce package de
départ est trop important au regard des performances du groupe".
"Un constat a été fait sur le retard de Carrefour dans le
digital et sur les problèmes non résolus de ses hypermarchés. Au
regard de ce constat, les sommes allouées à l'ancien PDG sont
colossales", a déclaré à Reuters Loïc Dessaint, directeur
général de Proxinvest.
Georges Plassat a reçu une rémunération - fixe et variable
-de 1,7 million d'euros bruts au titre de 2017 ainsi qu'un plan
de rémunération à long terme de 6,6 millions bruts.
La rémunération d'Alexandre Bompard était également
critiquée par Proxinvest. Le cabinet avait émis un avis négatif
"au regard du bonus maximum de la rémunération variable accordée
au PDG compte-tenu des résultats réalisés jusqu'ici".
LE PDG PROMET DE NOUVELLES CONDITIONS DE DEPART
Alexandre Bompard a perçu, au titre de 2017, un salaire fixe
de 750.000 euros bruts et une rémunération variable de 1,24
million d'euros bruts, soit le montant maximal prévu en cas
d'atteinte d'objectifs de performance.
"A ce jour, les résultats de Carrefour ne sont pas glorieux
et ne justifient pas un bonus maximum", selon Loïc Dessaint.
Le groupe a vu sa performance opérationnelle chuter en 2017
et son résultat net basculer dans le rouge après d'importantes
charges.
Après un premier trimestre 2018 plombé par une nouvelle
baisse des ventes dans ses hypermarchés en France et par la
déflation au Brésil, le groupe s'est refusé à toute indication
sur ses perspectives de résultats pour 2018.
Dans ce contexte, Alexandre Bompard a annoncé aux
actionnaires qu'il ferait des propositions au conseil
d'administration afin que la question de ses indemnités de
départ "ne fassent pas débat".
Il a également annoncé qu'il demanderait à ce que ses plans
d'intéressement de long terme comprennent une importante partie
en actions et non pas en numéraire.
Les résolutions sur les rémunérations de Georges Plassat et
Alexandre Bombard ont été adoptées à 68,3% et 74,3% des voix
respectivement.
Proxinvest estime qu'à moins de 80%, "le vote peut être
considéré comme fortement contestataire" compte-tenu du poids
des trois premiers actionnaires de Carrefour.
La famille Moulin, propriétaire des Galeries Lafayette,
Groupe Arnault, la holding du PDG de LVMH LVMH.PA Bernard
Arnault et l'homme d'affaires brésilien Abilio Diniz totalisent
à eux trois plus de 38% des droits de vote.
Le titre Carrefour se traite à 15,46 euros à la Bourse de
Paris à 16h45, en baisse de 0,4%. Il accuse un recul de 14%
depuis le début de l'année et chute de 29% depuis l'arrivée
d'Alexandre Bompard, le 18 juillet 2017.
(édité par Benoît Van Overstraeten)
Carrefour-La rémunération des dirigeants plombe une AG houleuse
information fournie par Reuters 15/06/2018 à 16:47
© 2025 Thomson Reuters. All rights reserved.
Reuters content is the intellectual property of Thomson Reuters or its third party content providers. Any copying, republication or redistribution of Reuters content, including by framing or similar means, is expressly prohibited without the prior written consent of Thomson Reuters. Thomson Reuters shall not be liable for any errors or delays in content, or for any actions taken in reliance thereon. "Reuters" and the Reuters Logo are trademarks of Thomson Reuters and its affiliated companies.
A lire aussi
-
Le Rassemblement national va lancer une commission d'enquête à l'Assemblée nationale pour "contrôler les flux financiers et la gestion interne de la Sécurité sociale", a annoncé mardi la députée Joëlle Mélin, lors des débats budgétaires dans l'hémicycle. "Il faut ... Lire la suite
-
Visé par une enquête après la vente de poupées sexuelles d'apparence enfantine, le géant de l'e-commerce asiatique Shein dit collaborer à 100% avec la justice et ouvrira bien mercredi à Paris, malgré tout, son grand espace au BHV. S'il dit avoir "réfléchi à arrêter" ... Lire la suite
-
TikTok fait-il la promotion du suicide ? Le parquet de Paris a ouvert une enquête après le signalement d'un député pointant l'influence néfaste sur les jeunes de l'algorithme de la plateforme, qui rejette "fermement" ces accusations. L'ouverture de cette enquête ... Lire la suite
-
Les Français Cécile Kohler et Jacques Paris, qui étaient détenus en Iran depuis trois ans et demi, accusés d'espionnage au profit des renseignements français et israélien et qui ont toujours clamé leur innocence, "sont sortis de la prison d'Evin", a annoncé mardi ... Lire la suite
Mes listes
Une erreur est survenue pendant le chargement de la liste
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer